Édito À TRACeS, on aime bien raconter ce qui foire. La séquence idéale, les élèves qui sont là où on les attend, qui apprennent ce qu’on voulait leur faire apprendre, l’institution bien huilée… c’est rare, voire ça n’existe pas. Les imprévus, par contre, les coups de gueule, les contestations, la manipulation, les rapports de force, le matériel qui manque, le cadre qui ne tient pas ses promesses sont le quotidien de celui qui cherche à enseigner, à l’école ou ailleurs. Raconter nos foirages, on ne le fait pas par plaisir masochiste (ou juste un peu parfois), c’est selon nous (et en toute humilité) une démarche formatrice qui nous en apprend sur nous-mêmes, la pédagogie, l’école et toute la société qui lui tourne autour ; qui nous en apprend sur cet impossible métier d’enseigner.
Ce qui nous intéresse, c’est de questionner la posture du prof : que fait-il avec l’imprévu ? A-t-il laissé suffisamment de place à l’imprévu ? Les élèves avaient-ils une marge de manœuvre ? Était- elle trop large ou trop étroite ? Et quand le foirage se présente, comment je l’accueille ? Il peut être considéré comme un piège ou comme une opportunité d’en apprendre (sur soi ou les autres) et de faire autrement.
La réflexivité est une démarche qui nous semble centrale dans la formation continuée de l’enseignant. La mise en écriture et les échanges entre pairs (surtout quand ils sont guidés par l’entraine- ment mental !) permettent cette mise en question de la pratique, nous l’avons encore expérimenté lors de ce weekend d’écriture. Nous tentons de raconter ce qu’on fait sans l’embellir, sans se sentir supérieur, sans chercher à faire la morale ni prescrire le bon comportement. Nos textes ne sont pas des recettes, juste
des chemins. En espérant que vous en apprendrez un peu sur nos sentiers, bonne lecture. (Comité de rédaction)
Édito Un numéro sur les difficultés professionnelles : chouette, ça va être drôle! Où sont les toilettes que je puisse tchouler tranquille?
Ça commence avec l’entrée dans le métier, où chacun peut mesurer l’écart entre ce qu’il a appris en formation initiale et ce qui se passe, en classe, quand on est seul. On se sent tout nu. Perdu. Avec un peu de chance, ce n’est pas un intérim trop long…
Entretien avec Andreea Capitanescu Benetti
in Alain Dupont, Savoir agir et oser l’inclusion. De l’imprévisible à l’innovation en ingénierie éco-biopsychosociale, Editions des Deux Continents, 2021.
Depuis Freud, persuadés que la psychanalyse pouvait présenter un intérêt certain pour la pédagogie, de nombreux psychanalystes ont mis en œuvre et théorisé des pratiques éducatives prenant en compte les dimensions inconscientes du sujet. À leur suite, des enseignants et chercheurs universitaires ont fait évoluer la relation entre psychanalyse et éducation, en passant d’une pratique appliquée, selon le souhait de Freud, à une démarche de production de savoirs référée à la psychanalyse.
Les propos recueillis sont ceux de Claudine Blanchard-Laville, Mireille Cifali, Jean-Claude Filloux, Jeanne Moll, Nicole Mosconi, Jacques Natanson et Bernard Pechberty.
Vous pouvez en prendre connaissance ici.
Mireille Cifali, Tenir parole. Responsabilités des métiers de la transmission, PUF, 2020.
Nous sommes des êtres de langage. Dans les métiers de la transmission, Mireille Cifali nous rappelle l’essentialité d’une parole fiable, afin que le dialogue annoncé ne soit pas un vain mot. Dialogue engagé entre les professionnels qui souhaitent collaborer, inclure. Dialogue rompu quand on en vient à exclure. Avec parfois un monologue. Un silence laissant seul. Un jugement qui enferme. Avec nous, Mireille Cifali aborde l’art de tenir parole. Elle évoque la toujours présente violence vécue qui, par les mots, se transforme. Elle nomme les attitudes et les paroles qui assurent une position d’autorité, et non plus de pouvoir. Ainsi, un regard tendre peut se construire jusque dans les rencontres difficiles, pour la dignité de chacun. Dès lors, face au discours de l’efficacité s’inscrit la responsabilité qualitative de nos gestes adressés. Face à un futur avec ses rêves de scientificité, sa technologie, s’avancent nos craintes et nos soins. Afin de sauvegarder l’expérience et le temps d’apprendre.
L’idée d’accompagner, de l’accompagnement, question émergente depuis quelques années, s’impose comme une référence dans les nouvelles formes à donner aux dispositifs de formation. Cette modalité, et l’ingénierie qu’elle nécessite, se singularise par l’attention particulière portée aux acteurs qui ne sont plus positionnés comme de simples réceptacles d’un discours ex cathedra, mais des acteurs actifs dans le cadre d’un dispositif déterminé avec eux et pour eux. Mais, comme pour tout objet émergeant, on pourra d’abord y voir de nouvelles perspectives en termes de formation, et toutes les raisons de plébisciter les dispositifs d’accompagnement. Il faudra seulement en évaluer les limites tout autant que les dérives possibles.
Vous trouverez son sommaire ici
Et l’entretien lui-même ici
Depuis les années 1990, une démarche dite « clinique-dialogique » (Jean Piaget – Edgar Morin) est apparue et s’est développée en Sciences de l’éducation, notamment à l’université de Nantes.
Au fil des enseignements, recherches et travaux de thèse, et malgré leur marginalité, ces orientations se sont avérées productrices de savoirs à partir de la mise en mots de l’expérience. Contribuant à constituer ce que Roland Gori appelle « savoirs narratifs », elles ont peu à peu montré leur intérêt dans différents domaines, allant des situations ordinaires d’apprentissage tout au long de la vie, aux parcours événementiels accidentés voire traumatiques.
Après avoir posé la problématique générale, nous évoquerons ici cinq grandes lignées des chantiers, tant internationaux (Brésil, Pologne, Maroc, Angleterre) qu’interdisciplinaires (de la scolarité à la formation tout au long de la vie ; en santé ; en situations extrêmes ; jusqu’au bout de la vie ; mémoire et transmission), croisant leurs avancées aux réflexions et travaux de spécialistes du domaine.
Cet ouvrage s’adresse ainsi à tout chercheur en Sciences humaines, comme à tout professionnel des « métiers de l’humain » (Mireille Cifali), soucieux de qualité réflexive et de qualité de vie.
Mireille Cifali, « Reconnaissance », « éthique », « formation des enseignants », dans Christine Delory (dir.), Vocabulaire des histoires de vie et de la recherche biographique, Erès, 2019.
Mireille Cifali, « Le sentiment au risque de l’émotion », in Mireille Cifali, Florence Giust-Desprairies, Thomas Périlleux (dir.), Accueil des affects et des émotions en formation et recherche. Approches cliniques, L’Harmattan, Coll. Clinique et changement social, 2019, p. 105-124.
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Mireille Cifali, Florence Giust-Desprairies, Thomas Périlleux (dir.), Accueil des affects et des émotions en formation et recherche. Approches cliniques, L’Harmattan, 2019, Coll. Clinique et changement social
L’enseignement, l’apprentissage, l’accompagnement sont encore majoritairement une rencontre en présence des corps, avec des émotions de plaisir, d’enthousiasme, d’amour, d’admiration ou d’angoisse, de terreur, de peur, de dégoût, etc. À rebours de l’imaginaire d’une maîtrise de l’humain et de ses passions, les auteurs s’accordent sur l’importance de reconnaître la puissance des émotions et des sentiments, au coeur de la relation aux autres, hors de tout formatage pré-établi. Ils reviennent sur le clivage opéré entre affectif et cognitif, sentiment et pensée pour préserver le nécessaire « travail dans l’intériorité » que leur nouage exige.
Mireille Cifali est professeur honoraire de l’Université de Genève, Florence Giust-Desprairies est professeur émérite à l’Université Paris 7 Denis-Diderot et Thomas Périlleux, professeur à l’Université catholique de Louvain. Ont également participé à cet ouvrage : Sophie Grossmann, Sophie Hamisultane, Dominique Lagase-Vandercammen, Kim Leroy, Christophe Niewiadomski, Antoine Masson, Long Pham Quang, Jacques Rhéaume, Christophe Roiné.
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Mireille Cifali, Préserver un lien. Ethique des métiers de la relation, PUF, 2019.
Dans les métiers de la relation, l’impératif est aujourd’hui à la distanciation. Avec des outils, des procédures et des savoirs appliqués, la relation à un autre pourrait se maîtriser. Il n’y est plus question d’être touché, affecté, alors que le soin, l’éducation, l’enseignement, la formation, l’accompagnement social exigent une proximité ajustée, des paroles adressées, loin des slogans et des seules bonnes intentions.
Une relation professionnelle se travaille, elle oscille, sonne juste, dissone. Mireille Cifali invite à penser la qualité d’une présence qui soutient et affronte, en conservant la couleur des sentiments et la tonalité des mots prononcés. Dans une éthique professionnelle, elle réserve le possible d’une rencontre qui transforme, elle engage à comprendre les attitudes qui font souffrir. Si la transformation des métiers de la relation est inéluctable, demeurent des dimensions auxquelles tenir : celle relationnelle des gestes, celle affective des paroles et des regards, et celle encore intérieure des pensées. Préserver est un mot qui cherche à prendre soin d’une transmission d’humanité.
Mireille Cifali, Préserver se conjugue, même au futur, Education permanente « Former demain », septembre-décembre 2019,
n°220-221, pp. 15-23.
Pour réfléchir au futur, l’auteure s’en tient à l’aspect de la formation se fondant sur la rencontre entre un professionnel et des personnes en quête d’un développement, d’une place, d’un savoir. Elle envisage les dimensions vers lesquelles va son inquiétude actuelle : souci de la relation, d’un soi en rapport à un autre tenu comme un sujet ; soin d’une rencontre, d’un accompagnement, d’une temporalité nécessaire pour penser et réfléchir ; maintien d’une sensibilité et d’une qualité. Plutôt que de projeter, elle sauvegarde ce qui aurait à perdurer tout en se transformant. C’est le verbe préserver que l’auteure conjugue. Avec une double question : peut-on prévenir certaines évolutions que l’on juge destructrices d’un humain ? Comment une formation des adultes pourrait-elle apporter sa contribution ?
Concernant la publication de l’ouvrage
S’engager pour accompagner. Valeurs des métiers de la formation,
deux nouvelles recensions,
. celle de Nicole Priou dans la Revue ECA publiée dans le n°387 d’octobre/novembre 2018.
. celle de Sébastien Bauvet, « Mireille Cifali, S’engager pour accompagner. Valeurs des métiers de la formation », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2018, mis en ligne le 21 décembre 2018.
URL : http://journals.openedition.org/lectures/29962
Concernant la publication de l’ouvrage
S’engager pour accompagner. Valeurs des métiers de la formation,
à ce jour des recensions ont été rédigées, ainsi que deux entretiens.
Il s’agit :
J’ai le plaisir d’annoncer la publication de cet ouvrage.
La part de l’engagement dans la formation, qu’il s’agisse de former ou de se former, est essentielle. Engagement dans le savoir, la parole, la voix et les techniques, engagement corporel jusque dans les maladresses. Prendre des risques, se maintenir dans un processus de création jour après jour à côté des habitudes, des habiletés, des capacités et même des compétences.
Pour accompagner et parfois résister, un engagement dans le savoir est-il en effet souhaitable ? Être concerné, soi, par le savoir transmis ? Attentif à l’autre à qui l’on s’adresse ? Mireille Cifali répond à ces questions par l’affirmative. Pour un formateur sont alors dessinées l’articulation fragile entre théories et pratiques, ainsi que la place indispensable réservée à un travail éthique. C’est sur son expérience de clinicienne de la formation qu’elle s’appuie pour transmettre les valeurs à l’origine de dispositifs où penser est une joie, où se former est un surcroît d’être autant que de savoir.
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Les humains appartiennent à une espèce narrative. Savoir raconter et savoir écouter des histoires sont des fondamentaux de l’humanité. Les enfants baignent dans ces pratiques narratives, apprennent à les élaborer et deviennent très vite des « racontants ». Pour autant qu’autour d’eux se trouvent des personnes capables de prêter attention à leurs récits. Ils sont d’ailleurs des spécialistes de l’histoire adressée. Ils racontent facilement des histoires de violence quand l’auditoire en est friand, des histoires d’héroïsme, avec des enchaînements particulièrement invraisemblables, quand c’est ce qui marche. L’histoire que l’on dit fait monde et nous fait appartenir au monde.
La présence ne se décrète pas. Elle résulte moins d’une volonté que d’une disponibilité qui engage dans la relation, dans l’implication des corps. Que peut signifier la mise en mouvement du corps dans l’apprentissage, la formation, la relation professionnelle, la transmission ? À partir de leur propre expérience comme enseignants et formateurs, les auteurs soutiennent cette conviction : la relation formative exige un engagement dans le vif de la rencontre, elle nécessite une attention soutenue aux mouvements qui, dans la voix comme dans le geste, indiquent des états du corps et des atmosphères relationnelles.
publié pour la première fois en 1994,
a eu un 6ème tirage en août 2017
aux Presses Universitaires de France.
Cet ouvrage s’adresse en priorité à ceux qui oeuvrent sur le terrain des métiers de l’humain : enseignants, parents, éducateurs, soignants… Les questions abordées, auxquelles ils sont quotidiennement confrontés, ne sont certes guère nouvelles – parole, agressivité, séduction, angoisse, violence, curiosité, sexualité, savoir, transfert, dépendance, institution, changement. Toutes sont épreuves et richesses d’enfance, épreuves et doutes d’adulte. Mireille Cifali prend le risque de mettre des mots sur ce que ces métiers savent parfois en silence. Elle qualifie de psychanalytique cette position qui permet aux praticiens, sans céder sur la complexité de leurs actes, de construire un savoir de l’intérieur.
Publication récente
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in Gilles Amado, Jean-Philippe Bouilloud, Dominique Lhuillier, Anne-lise Ulmann, La créativité au travail, Paris, Erès, 2017, p. 109-126.
Préface Mireille Cifali
Recension par Michel Develay dans les Cahiers pédagogiques n° 540.
Recension par Jean-Pierre Costille pour la Cliothèque.
Destiné aux étudiants en formation initiale à l’enseignement et aux enseignants, l’ouvrage explique de quelle manière les neurosciences peuvent éclairer l’apprentissage et soutenir l’élaboration de stratégies pédagogiques et orthopédagogiques adaptées.
Dans cet ouvrage, les trois auteures, formatrices d’enseignants, conjuguent leur expertise pour examiner de quelle manière les neurosciences peuvent éclairer l’apprentissage et soutenir l’élaboration de stratégies pédagogiques et orthopédagogiques adaptées. Elles proposent des réponses ou, mieux dit, des hypothèses de travail aux questions que se posent formateurs et enseignants dans l’exercice de leur métier.
Publication récente
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Préface Mireille Cifali
[…] « Chaque professionnel a à conquérir ses habiletés. Cela ne saurait pourtant suffire. Des habiletés sans adresse à un autre, sans réflexion liée à la situation dans laquelle elles prennent place, peuvent devenir dangereuses automatismes susceptibles de rendre aveugles et destructeurs. Dès lors préservons une philosophie du geste adressé, conservant à chaque fois les qualités d’une première fois, avec une présence sensible, une intelligence située, et l’empreinte d’une altérité qui fait trembler le geste dans son hésitation à trouver la voie « juste » en présence de cet autre singulier. Préservons une intériorité rendant à chaque geste sinon sa beauté, du moins son humanité réfléchie. Tout en apprenant à suspendre gestes et paroles, pour faire advenir à travers le corps ce qui convient et se crée. Loin d’un activisme, ou d’une répétition sans âme, offrons à chaque geste son ouverture, inaugurant ainsi pour soi et pour l’autre un commencement.
Les gestes (paroles, actes) relationnels ont à conserver quelque chose de leurs balbutiements, d’une résistance éprouvée du réel qu’ils ne nient pas et qu’ils intègrent. Garder dans les gestes un tremblement, une maladresse, traces d’un humain non dans l’éblouissement de la prestation mais grâce à la vulnérabilité inhérente à tout engagement dans un acte qui concerne un autre. C’est ce trébuchement qui signe notre humanité. Sinon, il y a de l’arrogance derrière la maîtrise et l’habileté. Un geste relationnel qui garde les traces de son commencement, même s’actualisant pour la énième fois, transmet une retenue, une humilité au contact de son « pouvoir-de-ne-pas », ce qui permet qu’il soit accueilli. »
[…]
[…] « Sur la scène scientifique il est presque devenu à la mode – si je puis dire – de parler d’intelligence émotionnelle, d’approche cognitive des émotions, de neurosciences des émotions. Ces approches ne recouvrent pas mon espace de recherche qui fut et est encore clinique, ancré dans des références psychanalytiques et éthiques. J’ai lié les métiers de l’humain à un espace relationnel où les sentiments (c’est ainsi que j’en parle) avaient leur place, des sentiments qu’il s’agit certes de penser, mais qui pour mon approche ne sont pas de la même texture que le cognitif. Grâce à Pham Quang, j’ai pu saisir la différence qu’il trace après d’autres entre émotion et sentiment. J’ai pu apprécier une méthodologie d’approche qui n’est pas la mienne. Je l’ai pu grâce à sa sensibilité qui, si elle est discrète et pudique, se révèle sous les mots, dans la mélodie de son écriture.
Par son extrême attention aux professionnels qui ont accepté sa présence et son regard, Pham Quang m’est proche sur le plan d’une éthique de la recherche. En retour de leur accueil, il leur a en effet restitué ce qui est parfois difficile à obtenir quand on est identifié à un lieu dévalorisé, livré à des fantasmes réducteurs, à des plaisanteries de mauvais goût, à un ostracisme manifeste : il leur a restitué une reconnaissance de l’intelligence de leurs actes, une reconnaissance de ce qui se passe grâce à eux comme essentiel à la vie humaine, de l’utilité et de la « beauté » de leurs gestes. Il est trop rare que l’écriture d’un chercheur fonctionne sur ce registre. Pham Quang ne désapproprie pas celles et ceux qui travaillent de la compréhension de ce qu’ils font mais la leur restitue avec humilité. Sans prendre leur place, mais en pensant avec eux les fondamentaux de leur présence formatrice. »
[…]
[…] « L’ouvrage écrit par Bruno Robbes se distingue en ce qu’il part non des théories mais de personnes, qui lui ont parlé de leur expérience personnelle d’une autorité. Ces personnes sont des professionnels d’aujourd’hui aux prises avec les contradictions d’un contexte scolaire et d’éducation en mutation, et leurs propres conceptions du métier. Des professionnels confrontés au jour le jour avec ce qui s’avère être des indices (actes, paroles, regard, voix) d’une autorité bénéfique, et d’autres qui sont le signe d’une autorité humiliante pour l’autre et pour soi. Des professionnels qui reviennent sur leurs expériences dans l’enfance, qui cherchent à comprendre comment ils étaient au départ de l’exercice de leur profession, comment ils ont évolué, ce qui les a fait progresser, comment ils ont construit leurs repères, avec leurs doutes, leurs croyances. Nous sommes loin de positions qui seraient légitimées par « la » bonne théorie, mais bien davantage dans des bricolages construits par chacune et chacun pour se guider dans les situations toujours surprenantes auxquelles ils font face. Certains en sont à leur début, d’autres presque à la fin de leur carrière, nulle comparaison ne peut être menée, ce qui est un bien. Nous assistons à leurs débats intérieurs, à l’élaboration de leur construction d’une autorité, parfois à leurs impasses ; ils acceptent de nommer leurs peurs, leurs angoisses, les sentiments éprouvés, avancent leurs certitudes bousculées par le quotidien d’un métier. On peut y lire des influences, qu’elles soient pédagogiques (les théories de l’enseignement et leur mode, l’incontournable débat entre pédagogues et anti-pédagogues, le rapport au savoir), mais aussi sociologiques (la diversité, l’obéissance, le pouvoir), éthiques (les normes, la loi, la règle, les transgressions, les devoirs et les contraintes) ou psychologiques (l’affect, les sentiments, le besoin de reconnaissance, la vulnérabilité, la sécurité). »
[…]
Qu’est-ce cela représente de débuter comme enseignant ? Quelle idée s’en font les stagiaires ou récents stagiaires et les formateurs à qui ce dossier des Cahiers pédagogiques donne la parole. Les visions ne sont pas les mêmes et ce n’est pas si surprenant. Mais notre dossier s’adresse à tous et s’efforce de proposer des éléments de réflexion commune, pour que les débutants n’aient plus l’impression d’être passés à côté de leur année de formation.
Publication récente
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in Christine Delory-Momberger (ed.), Eprouver le corps. Corps appris, corps apprenant, Editions Eres, 2016, pp. 21-31.
Voir aussi page « Productions complices »
C’est à travers diverses expériences singulières du corps qu’est mise en avant la subjectivité d’un être corporel et charnel qui « éprouve » et qui « apprend » le monde, les autres et lui-même dans son corps.
La corporéité apparaît comme une dimension essentielle des processus de construction du sujet au sein de l’espace social. Dans l’expérience que le corps fait de lui-même et du monde s’originent et s’inscrivent tous les procès de formation et d’apprentissage, formels et informels, expérientiels et intellectuels. Le corps est appris et il apprend. C’est de cette dimension originaire du corps et de ses expériences dans la formation et les apprentissages que voudrait rendre compte cet ouvrage collectif.
Avec la participation de Catherine AGTHE-DISERENS, Patrick BAUDRY,Christophe BLANCHARD, Mireille CIFALI BEGA, Anne DIZERBO, François DURPAIRE, Karine ESPINEIRA, Mike GADRAS, Izabel GALVAO, Stéphanie KUNERT, David LE BRETON, Sarah LECOSSAIS, Béatrice MABILON-BONFILS, Michèla MARZANO, Valérie MELIN, Sylvie MORAIS, Lennize PEREIRA PAULO, Jean-Jacques SCHALLER, Maud-Yeuse THOMAS,Catherine TOURETTE-TURGIS, Christoph WULF.
Ouvrages
Voir aussi pages « Ouvrages » et Articles (2011-2015)
Aujourd’hui, plusieurs courants scientifiques prennent l’art comme objet de recherche et établissent des correspondances entre le travail du chercheur et celui de l’artiste. Dans cet ouvrage, des universitaires qui inscrivent leurs approches dans les sciences humaines cliniques questionnent les connexions entre processus de création et processus cliniques. Ils analysent la façon dont le recours à des dispositifs d’enseignement, qui font entrer l’art dans la formation, rend possible des déplacements et des remaniements chez celles et ceux qui se forment. Que ce soit par le théâtre, la vidéo, l’image, la danse ou la poésie, l’expérience montre en effet la portée transformatrice de ces médiations. Se découvre alors une humanité reliée à d’autres, incluant sensibilité, émotion et surprise, favorisant les processus de dégagement d’une impuissance parfois éprouvée.
Article de Mireille Cifali, « Travail poétique, travail clinique : correspondance », pp. 7-22.
Publication récente
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Publications complices
J’ai écrit deux entrées : « Suisse » et « Oscar Pfister ».
«Pour comprendre la psychanalyse, déclarait Freud en 1922, le mieux est encore de s’attacher à sa genèse et à son développement.» C’est ce principe d’une confrontation constante entre les origines d’une pensée et son évolution que les auteurs de ce dictionnaire ont à leur tour voulu privilégier, en se situant résolument par-delà toutes les querelles de chapelle. Leur but est de proposer aux lecteurs d’aujourd’hui de découvrir, de mieux connaître ou d’approfondir la pensée de Freud en suivant tout à la fois sa fabrication, la manière dont elle s’est imposée et développée, les échanges dont elle s’est nourrie et la postérité qui est la sienne.
Publication récente
Voir aussi page « Articles 2011-2015 »
Présentation de l’ouvrage : À côté des philosophes, des sociologues ou des didacticiens, les « pédagogues » font aujourd’hui « pâle figure ». Objets de railleries des « esprits forts », qui sont revenus de tout sans jamais y être allés, critiqués par l’intelligentzia qui voit en eux de nouveaux « joueurs de flûte » qui entraînent nos enfants vers le gouffre de l’ignorance et les fleuves tumultueux de la toute-puissance où ils vont s’abîmer inexorablement… ils passent facilement pour de dangereux ou d’insignifiants personnages.
Ecriture complice récente (Voir aussi page « Productions complices »)
Publication récente (Voir aussi page « Articles 2011-2015 »)
Préface de Mireille Cifali, Spiritualité et formation.
Confrontés à un christianisme occidental décadent et à des références prises dans un mouvement de bascule, nos héritages religieux et culturels ssont de plus en plus mis de côté et dissociés du champ de la connaissance. L’approche biographique développée ici, dans l’optique d’un travail d’interprétation en profondeur, conduit à redonner un sens à la dimension spirituelle.
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Pour accéder gratuitement à la couverture, au sommaire et à l’introduction.
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Vous pouvez trouver l’entretien complet ici
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Sur demande, je peux envoyer un tiré à part électronique.
Derrière la rupture entre Jung et Freud en 1913, il y a la présence de Théodore Flournoy. Entre Jung et Flournoy, des intérêts communs pour l’occulte, l’imagination créatrice, le religieux. Entre Jung et Freud, la dementia praecox et la paranoïa. L’article trace quelques correspondances entre ces trois hommes et les événements auxquels ils ont été mêlés.
Mots-clés : Carl Gustav Jung, Théodore Flournoy, Sigmund Freud, dementia praecox, le religieux, l’imagination créatrice, le pouvoir de guérison.
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Voir aussi page « Histoire »
Sur demande, je peux envoyer un tiré à part électronique.
L’article revient sur la publication de la Traumdeutung de Sigmund Freud en 1900, et les travaux de Théodore Flournoy à Genève qui développe à la même époque un intérêt pour les rêves. Y sont évoqués les liens de Freud à Flournoy, et la place de la Suisse romande dans la réception de la psychanalyse.
Mots-clés : Sigmund Freud, Traumdeutung, Théodore Flournoy Des Indes à la planète Mars, le rêve, l’occulte, les débuts de la psychanalyse en Suisse romande.
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L’auteure découvre une « langue de l’étonnement » chez des artistes, des scientifiques et des thérapeutes, pour saisir ensuite comment on y recourt dans l’éducation et la formation, l’étonnement risquant d’y faire slogan et de se vider de son essentiel. Quel formateur est-il étonnant et d’où surgit une telle attitude professionnelle ? L’étonnement s’apprend-il et comment en vient-il à disparaître dans un « rien n’étonne » ? De telles questions sont soulevées, mêlant enjeux psychiques et sociaux.
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Voir aussi page « Articles 2011-2014 »
Couverture du n° 53 de la Revue Langage et pratiques
Télécharger le numéro 53 en entier de la Revue Langage et pratiques
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Cet article avait été publié en espagnol dans la Revue Cuadernos de Pedagogia, n ° 427, Barcelone, octobre 2012.
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Voir aussi page « Articles 2011-2014 »
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J’ai le plaisir de vous signaler la parution des Cahiers de psychologie clinique n°41 dans lequel se trouve un dossier intitulé « Clinique du négatif : enseignement et formation en tensions » que nous avons coordonné Thomas Périlleux et moi-même.
Vous trouverez ce numéro 41 sur le site Cairn, ainsi que mon article « Chemin de lucidité : un pessimisme questionné »
Voir aussi page « Articles 2011-2014 »
Le numéro 195 d’Education permanente « Apprendre du malade » vient d’être publié. Il y contient un article que j’ai rédigé « Soins de la relation » et un entretien avec Jean-Philippe Assal et Anne Lacroix.
Voir aussi page « Articles 2011-2014 »
Interroger l’organisation avec les concepts psychanalytiques n’est pas une chose aisée. Lorsqu’il s’agit de comprendre l’implication de l’inconscient dans les actions de décisions, les processus, voire dans le déterminisme organisationnel au sens large, il est difficile de trouver une réponse. Comment voir l’organisation à l’échelle du savoir analytique ?
Gilles Arnaud, Emmanuel Castille, Jean-Luc Cerdin, Mireille Cifali, Maryse Dubouloy
Ouvrage coordonné par Emmanuel Castille – Préface d’Yvon Pesqueux
Mireille Cifali, « Une subjectivité revendiquée et ses conséquences » (réédition).
Voir aussi page « Conférences »
Télécharger le document
Ou le consulter sur ce site, avec la vidéo de la conférence et le dialogue avec les participants.
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Traduction en allemand de l’ouvrage Freud et la pédagogie, Presses Universitaires de France, Paris, 1998.
Die Frage nach dem Einfluss des sozialen Milieus, des pädagogischen Umfeldes und der Autoritätspersonen auf die kindliche Psyche ist aktueller denn je. Cifali und Imbert diskutieren den Stand der psychoanalytischen Pädagogik und ergänzen den Band mit ausgewählten Texten von Sigmund Freud, August Aichhorn und Hans Zulliger.
Voir aussi page « Articles 2011-2014 »
Cet ouvrage est une histoire plurielle d’un milieu professionnel particulier: une faculté de l’Université de Genève. Trente-trois récits édités d’acteurs et d’actrices de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation tissent un portrait, des années 1960 à nos jours, à la fois collectif et personnel, intellectuel et institutionnel de leurs parcours.
Voir aussi page « Articles 2011-2014 »
Article à propos de Théodore Flournoy
Phénoménologie religieuse
Ce dictionnaire dresse un panorama exceptionnel des découvertes et des expériences cliniques sur les liens entre mystique et folie, les fondements psychiques du sentiment religieux, les phénomènes corporels comme la transe, l’extase, les stigmates ou les convulsions… Mais aussi les expériences collectives comme la danse de Saint Guy, le tarentisme, les épidémies de possession. Il présente de façon claire les discours et savoirs scientifiques et religieux, les lectures médicales et psychiatriques.
Voir aussi page « Articles 2000-2012 »
Préface de Mireille Cifali , télécharger en français
Dimensione fondante l’accompagnamento didattico al tirocinio è la documentazione scritta che lo studente produce sulle attività svolte.
Voir aussi page « Articles 2011-2014 »