Au cours de la Seconde Guerre mondiale, des millions d’enfants, orphelins ou brutalement séparés de leurs parents, sont recueillis dans des camps ou villages d’enfants. Cette aide humanitaire se double d’une utopie pédagogique. Instituteurs, prêtres, pédagogues, médecins ou psychiatres fondent, dans l’urgence et le dénuement, des communautés largement inspirées de l’éducation nouvelle et de l’autogestion: des républiques d’enfants. De l’Italie à la Hongrie, en France comme en Allemagne, les enfants se muent en jeunes travailleurs, ils élisent gouvernements et tribunaux. Dans l’esprit internationaliste d’après-guerre, ces citoyens doivent contribuer au relèvement de l’Europe anéantie.
Les auteurs ont défriché les archives et tissent le récit vivant, incarné et parfois terrifiant de cet épisode méconnu. En quelques années, alors que le monde des adultes bascule dans la guerre froide, que les enfants grandissent, ce moment de foisonnement et d’expérimentation intenses tombe en effet dans l’oubli. Véritable point aveugle des années d’après-guerre, de l’histoire des pédagogies alternatives et des politiques humanitaires, il méritait d’être mis au jour.