Mireille Cifali, Invitation à la lecture, in Long Pham Quang, Emotions et apprentissages, Paris, L’Harmattan, 2017.
[…] « Sur la scène scientifique il est presque devenu à la mode – si je puis dire – de parler d’intelligence émotionnelle, d’approche cognitive des émotions, de neurosciences des émotions. Ces approches ne recouvrent pas mon espace de recherche qui fut et est encore clinique, ancré dans des références psychanalytiques et éthiques. J’ai lié les métiers de l’humain à un espace relationnel où les sentiments (c’est ainsi que j’en parle) avaient leur place, des sentiments qu’il s’agit certes de penser, mais qui pour mon approche ne sont pas de la même texture que le cognitif. Grâce à Pham Quang, j’ai pu saisir la différence qu’il trace après d’autres entre émotion et sentiment. J’ai pu apprécier une méthodologie d’approche qui n’est pas la mienne. Je l’ai pu grâce à sa sensibilité qui, si elle est discrète et pudique, se révèle sous les mots, dans la mélodie de son écriture.
Par son extrême attention aux professionnels qui ont accepté sa présence et son regard, Pham Quang m’est proche sur le plan d’une éthique de la recherche. En retour de leur accueil, il leur a en effet restitué ce qui est parfois difficile à obtenir quand on est identifié à un lieu dévalorisé, livré à des fantasmes réducteurs, à des plaisanteries de mauvais goût, à un ostracisme manifeste : il leur a restitué une reconnaissance de l’intelligence de leurs actes, une reconnaissance de ce qui se passe grâce à eux comme essentiel à la vie humaine, de l’utilité et de la « beauté » de leurs gestes. Il est trop rare que l’écriture d’un chercheur fonctionne sur ce registre. Pham Quang ne désapproprie pas celles et ceux qui travaillent de la compréhension de ce qu’ils font mais la leur restitue avec humilité. Sans prendre leur place, mais en pensant avec eux les fondamentaux de leur présence formatrice. »
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