Entretien avec Bruno Robbes
à propos de son ouvrage L’autorité enseignante. Approche clinique, Nîmes, Champ social, 2016.
Entretien Gilbert Longhi, Café pédagogique du 11 octobre 2016.
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Extrait
Peut-on apprendre à avoir de l’autorité ? Que dites-vous à ceux qui pensent que l’autorité est naturelle ou n’est pas ?
Oui bien sûr, avoir de l’autorité peut s’apprendre ! C’est ce que j’ai voulu montrer, dans cet ouvrage comme dans le précédent. Il reste qu’en tant que personnes, nous ne sommes pas tous à égalité face à l’autorité. Si exercer l’autorité (dans une perspective éducative !) pose moins de problèmes à certains professeurs qu’à d’autres, cela s’explique justement par les histoires personnelles, l’éducation reçue, les rencontres avec des « figures d’autorité bénéfiques » (Cifali), les expériences vécues, différentes selon chacun. Certaines personnes ont eu l’opportunité de construire davantage de confiance en elles-mêmes que d’autres. Cela les a rendues plus à l’aise dans leurs relations sociales. Par conséquent, elles ont moins peur de se confronter aux autres, avec leurs savoirs et leurs manques. Elles seront alors moins en difficulté lorsque des élèves auront des comportements qu’elles n’ont pas anticipées.
C’est ce qui peut laisser penser que ces personnes possèderaient une autorité naturelle, alors qu’il n’en est rien. C’est leur histoire personnelle singulière qui leur a permis d’augmenter leur capacité à être davantage auteur d’elles-mêmes. Cette capacité, c’est toujours d’autres qui contribuent à la renforcer. L’autorité n’a donc rien de naturel ! Parler d’autorité naturelle, c’est occulter la question « comment faire ? » (puisque c’est naturel, on en a ou pas !). L’autorité naturelle est une croyance profondément ancrée et entretenue socialement , un mythe qui exclut tout apprentissage possible de l’exercice de l’autorité. Or, je dis souvent sous forme de boutade, qu’on n’a pas encore découvert le gène de l’autorité naturelle !