Carnet 11. Au travers d’un regard. Rêveries (hiver 2022-2023)
Durant les années 2020-2022, nous avons eu la nécessité de rester principalement à Genève. Chaque jour, nous avons arpenté le Parc La Grange, et passé devant un « lac alpin » construit il y a longtemps.
Cet hiver-là, 2022-2023, nos marches nous ont menés une fois encore vers ce lieu. J’ai regardé. Saisis, une fois encore, des images. Je n’avais pas alors relié entre elles toutes celles prises depuis 2020 (Carnet n° 3, 4, 5 et 10). Ces montages successifs ont certainement épuisé ma prise d’images. Si je renonce, saurais-je encore ralentir mes pas ?
S’arrêter, contempler, se laisser imprégner, vivre l’instant, faire image sans rien d’autre. Après vient le souci, cette image qui, juste quelques secondes, me fait rêver, puis-je la transmettre, en transmettre l’émotion, sans craindre qu’elle ne soit accueillie comme étant principalement agréable, jolie, décorative ? La nature peut-elle prétendre à une esthétique de la beauté ? L’image photographique, sa supposée copie, se mesure-t-elle à une telle jauge ? « Puisque le paysage nous a paru lié à un “plus” d’ordre esthétique, il y aura lieu de reconsidérer la notion de Beauté : non plus l’harmonique mais l’intensité émotionnelle avec laquelle des éléments heurtent nos sens et nous imposent, sans façon, leur incontestable existence », écrit Pierre Sansot. Ajoutant un peu plus loin : « Or la beauté n’est-ce pas précisément cette libération du sensible hors de la camisole du concept ? » (Paysage de l’existence, 2015, p. 68)
– Pour le regarder en plein écran (Chrome, Firefox, Safari), je vous invite à cliquer deux fois
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