Carnet 9. Regard saisi. Les ciels d’un jour (avril 2023)

A Qerret, en Albanie, j’ai saisi, presque chaque jour de ma présence depuis 2009, l’horizon du ciel et de la mer. Combien de fois suis-je restée ainsi prise par cet infini ? Je ne saurais les compter. Il m’est venu, en avril 2023, le désir d’élever mon regard sur les ciels, presque seulement eux. Les détacher de l’eau, même si elle les prolonge parfois. Être menée par leurs variations, leurs nuances de gris et de blanc, par un bleu qui insiste parfois dans une déchirure, et au soir par de l’orangé jusqu’au brun foncé. Alors que le temps est dans ces lieux généralement au beau, en ce mois d’avril il fut très souvent à l’orage. Laisser me surprendre encore.

J’ai ainsi tenté de regarder les ciels, ceux d’un jour, du matin au soir, dans la mesure de mes occasions. Un arrêt, le nez pointé vers le haut, à partir d’un même point fixe, un balcon. Ce furent les 6, 8, 9, 10, 12, 14, 15, 16 17, 18, 19, 21, 22, 24, 25, 26, 29 avril. Par trois reprises, la prise d’images s’est interrompue à mi-journée. J’ai fait le choix d’en restituer cinq : les 9, 10, 14, 18 et 26 avril.

Commencer à contempler, sans connaître la suite. « Saisir », selon le titre de l’ouvrage de Jean-Christophe Bailly. Chercher à transmettre cette très brève contemplation, à partager le saisissement d’un regard avec ses modulations, selon les heures du jour.