Carnet 7. Regards au temps passé. Au seuil, 2012-2023
Ce pourrait être le signe de la pauvreté. Cela l’est. Pour ces fenêtres brisées, réparées, protégées, béantes, fermées de fer me vient pourtant un regard de tendresse. Je ne sais. Elles sont si proches d’un quotidien d’intimité. Trop ouvertes, trop barricadées, bricolées pour que le regard ne pénètre pas et laissant néanmoins apparaître une fente où la curiosité pousse à y jeter un coup d’œil. Le seuil se dit d’une porte.« Au seuil » se dit de cet entre-deux qui fait limite. Nous restons en équilibre, entre-deux, avec inquiétude et fragilité, nous interdisant d’entrer, fuyant un regard de propriétaire. Il y a cet intérieur où la fenêtre laisse pénétrer la lumière et reflète ce qui lui fait face. Il y a ce qui a été brisé par l’abandon des humains, la fenêtre devenant alors un gouffre d’ombres. Elle nous autorise aussi, parfois, à la traverser, en ressortir et à rencontrer un peu de verdure. Le vert du lierre qui pousse là où la maison, le mur, tiennent à peine debout. Insistance du vert, et du rouge à l’automne, recouvrant la fenêtre prise en image quelques années auparavant. Ces fenêtres font repères pour mes pas.