Carnet 19. Regard ancré. Tirana (2012-2024)

« Regard ancré », qu’est-ce à dire ? Au fil du temps, mes pas se sont portés dans différents « lieux », mes « endroits » qui m’ont accueillie, abritée, construite, parfois meurtrie. Ils ont été le témoin de mes espoirs et de mes larmes. Lieux d’enfance, lieux choisis. Lieux d’ici et d’ailleurs. Ils sont ces attaches qui me permettent de partir et de revenir, andata e ritorno. Il y en a, pour l’instant, sept :
La Chaux-de-Fonds, Genève, Paris, Tirana, Chandolin, Gramsh et Qerret.
Les images saisies tissent certainement des liens entre eux.

C’est Bessa Myftiu qui m’a fait découvrir l’Albanie en avril 2003. Je suis tombée amoureuse de ses paysages et lumières. J’ai habité Tirana, par surprise et amitié. J’y ai en effet acquis, en cette même année, un appartement en plein centre, au 14^ème étage, une folie à y repenser. Ce fut pourtant presque sans aucune hésitation.

Peu après, en novembre 2003, cette ville me fit connaître un homme, Estref Bega, elle abrita dès lors notre amour certains jours de chacune des années qui ont suivi. J’ai regardé cette ville se transformer, dans un cycle inlassable de destructions et de constructions. En couleur ou en noir et blanc, j’ai osé y accueillir en images l’enfance et la vieillesse.

Cette ville est pleine de souvenirs qui ne sont pas les miens, j’en ai fait un bout de mon histoire.