Carnet 18. Regard ancré. La Chaux-de-Fonds (2003-2023)

« Regard ancré », qu’est-ce à dire ? Au fil du temps, mes pas se sont portés dans différents « lieux », mes « endroits » qui m’ont accueillie, abritée, construite, parfois meurtrie. Ils ont été le témoin de mes espoirs et de mes larmes. Lieux d’enfance, lieux choisis. Lieux d’ici et d’ailleurs. Ils sont ces attaches qui me permettent de partir et de revenir, andata e ritorno. Il y en a, pour l’instant, sept :
La Chaux-de-Fonds, Genève, Paris, Tirana, Chandolin, Gramsh et Qerret.
Les images saisies tissent certainement des liens entre eux.

La Chaux-de-Fonds, ville d’enfance dont je me suis séparée à dix-huit ans, en un premier départ, par une première gare.
Une ville cependant jamais tout à fait quittée. Mes parents y ayant ancré leur vie, je n’ai pas cessé d’y revenir pour en repartir, jusqu’au bout. Je l’ai redécouverte avec l’amitié. Un autre regard s’est alors attaché à ses paysages, façades, vitrines, sa Maison blanche de Le Corbusier et son cimetière. Une ville ainsi arpentée en souvenir de la neige et du brouillard, des marches jour après jour entre les rainures de son trottoir et sur les sentiers à l’odeur de sapin.

C’est mon grand-père, Paul LeCoultre, horloger paysan, qui partit de la Vallée de Joux pour s’installer à La Chaux-de-Fonds au début du 20^ème siècle.