Une série – six images jusqu’en octobre 2018 – que j’accompagne d’un fragment d’écriture.

 

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Série publiée le 29 juillet 2019

 Insouciance d’enfance

Sur la grande place de Tirana et près du théâtre pour enfants,
mes premières images en noir et blanc,
à sourire en regardant ces fiertés d’enfance.
Une certaine insouciance, 
peut-être à retrouver en ce temps de vieillesse.

Ce ne sont plus 6 images mais 18.
Auxquelles s’ajoute une poésie de Ryòkan :

  Vous qui avez dû
par la petite pluie froide
   vous laissez mouiller,
pour venir jusqu’en ce lieu,
que puis-je donc vous offrir ?
Ryôkan, Ò pruniers en fleur, Folio bilingue, p. 39.

 

Séries publiées en octobre 2018

Le tact est la vertu de la relation, il est autant intelligence de la situation
qu’intuition en situation. Capacité à toucher juste, à être pertinent. (…)
Sens de l’à-propos : le tact nous renvoie à l’idée d’un geste adéquat, d’une
parole juste, d’un propos vierge de toutes scories. Conscience aiguë de
ce qui mérite d’être dit ou d’être fait et de la manière dont il faut le dire
et le faire.
Eirick Prairat, Eduquer avec tact, ESF, p. 12-13.

 

Le 104, nos pas

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Le 104, Fragments d’exposition

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Parc de La Grange, un hiver

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Séries publiées en novembre 2017

Homo sapiens  n’est autre, pour finir, qu’un remarquable Homo migrants. Vouloir l’oublier – le refouler, le haïr -, c’est simplement s’enfermer dans les remparts de la crétinisation. Mieux vaut entendre la leçon de « ceux qui savent encore être en mouvement ».
Georges Didi-Huberman, Niki Giannari, Passer quoi qu’il en coûte, Les Editions de Minuit, 2017, p. 87-88.

Gare du Nord, familier parisien

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Jardin d’Eole, traces de migrants, Paris 18e

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Lignes de fuite, vers le Pont Bleu, Paris 18e

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Séries publiées en janvier 2017 

Du 25 août au 20 septembre 2016, à Qerret en Albanie, deux filets de pêcheurs.
Jour après jour au soleil levant comme au couchant, par temps clair ou
après la pluie, j’ai pris des images, surprise à chaque fois de photographier
un même et pourtant si différent.
J’en ai retenu 110 images, j’en partage ici quelques-unes assemblées
en 4 séries selon un certain regard.

 

 

 

 

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Séries publiées en juillet 2016

Flaque de lumière,
Flaque d’eau,
Au sein de l’éternelle rotation des astres,
Cette brève flamme chasse la lente grisaille
D’un après-midi

Flaque de lumière,
Flaque d’eau,
Attirant quelques moineaux : leur gazouillis
Rappellent un instant le bonheur terrestre :
La soif étanchée.
François Cheng, La vraie gloire est ici, Gallimard, 2015, p. 61.

Flaques d’eau

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Un iris
et tout le créé justifié ;

Un regard
Et justifiée toute une vie
François Cheng, La vraie gloire est ici, Gallimard, 2015, p. 22.

Fleurs

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La pluie chante en nous son retour éternel,
En nous la terre oublieuse retrace son chemin.

Senteur des collines en fête,
Murmure des pêchers en fleur,
Sourire des auvents en larmes,
Tout feu pris toute fumée bue,
Toute chair au sang délivré,
Et tout mot soudain souvenu.

Dans le cœur désert, nous reprenons goutte à goutte
La source que nous avions cédée aux saisons.
François Cheng, La vraie gloire est ici, Gallimard, 2015, p. 33.

Pluies

 

 

 

Séries publiées en juin 2015

Il y a, dans tout acte de création quelque chose qui résiste et s’oppose à l’expression. Résister, du latin sisto, signifie étymologiquement « arrêter, tenir à l’arrêt », ou « s’arrêter ». Ce pouvoir qui suspend et arrête la puissance dans son mouvement vers l’acte et l’impuissance, la puissance-de-ne-pas. La puissance est donc un être ambigu, qui veut non seulement une chose et son contraire, mais contient en elle-même une résistance intime autant qu’irréductible.
Giorgio Agamben,« Qu’est-ce que l’acte de création ? », in Le feu et le récit, Bibliothèque Rivage, 2015, p.50.

Chaise dans tous ses états

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Si la création était seulement puissance-de, qui ne peut que passer aveuglément dans l’acte, l’art se réduirait à une simple exécution, qui procéderait avec une fausse désinvolture vers la forme achevée, parce qu’elle a refoulé la résistance de la puissance-de-ne-pas. Contrairement à une équivoque répandue, la maestria n’est pas perfection formelle, mais, au contraire, précisément, conservation de la puissance dans l’acte, sauvegarde de l’imperfection dans la forme parfaite. Dans la toile du maître, ou dans la page des grands écrivains, la résistance de la puissance-de-ne-pas, s’inscrit dans l’œuvre comme le maniérisme intime présent dans tout chef-d’œuvre.
Giorgio Agamben,« Qu’est-ce que l’acte de création ? », in Le feu et le récit, Bibliothèque Rivage, 2015, p.52.

Vélo en nostalgie

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Dante a concentré ce caractère amphibie de la création poétique en un seul vers : l’artista/ch’a l’abito de l’arte ha man che trema [« l’artiste qui a l’usage de l’art a la main qui tremble »] (Paradis, XIII, 77-78). Dans la perspective qui nous intéresse ici la contradiction apparente entre usage et tremblement n’est pas un défaut, mais exprime parfaitement la double structure de tout processus créatif authentique, intimement suspendu entre deux poussées contradictoires : élan et résistance, inspiration et critique.
Giorgio Agamben,« Qu’est-ce que l’acte de création ? », in Le feu et le récit, Bibliothèque Rivage, 2015, p.53.

Fil à suivre

 

 

 

 

 

 

Séries publiées en janvier 2015

Voir ce qui est ici et maintenant, c’est cela la contemplation.
Svâmi Prajnânpad, ABC d’une sagesse, Albin Michel, 2011, p. 153.

Canard en toute saison

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Tout ce qui est à l’extérieur de vous vous donne continuellement l’occasion de vous voir et de vous observer.
Le monde extérieur vous donne une chance de vous transformer.
L’extérieur n’est qu’un miroir.
Svâmi Prajnânpad, ABC d’une sagesse, Albin Michel, 2011, p. 74.

Sur le pont ou ailleurs

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L’intellect permet de voir. Et quand on voit, on sent.
Il n’y a donc pas d’opposition entre l’intellect et le cœur.
Svâmi Prajnânpad, ABC d’une sagesse, Albin Michel, 2011, p. 74.

Traces de cygnes

 

 

Séries publiées en juillet 2014

Ma prairie est une réalité terrible sortie du
coma du printemps.

Dans ma pensée et dans mes rêves ma prairie
ondoyait comme l’eau de la rivière qui laisse
deviner le poisson vert et argenté, ou l’éclair bleu
d’une libellule. Oh mais une fois poisson mort et
libellule évanouie comme elle parait faible et lointaine
la pensée de ma prairie.

Ma prairie tient à l’intérieur d’une tout petit
battement de coeur
qui se répète.
Ce sont les battements d’un coeur affolé.
Frédéric Boyer, Dans ma prairie, P.O.L, 2014, pp.47-48.

Verts tendres

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Il y a dans ma prairie des coyotes bleus qui s’éloignent
doucement de travers en marchant avec maladresse
le bassin tordu efflanqué comme de vieux assassins
maigres sur des pattes d’enfant puni
ou de jeunes frères
perdus.

Je souris.
Ah! c’est l’histoire intérieure de la vie qui est en
moi.
Frédéric Boyer, Dans ma prairie, P.O.L, 2014, pp.47-48.

Traces de bleu

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Je sais les techniques de création de ma prairie :
remplacer hiver par printemps. Progressivement.
Par petits détails accumulés un petit peu plus chaque
jour comme sur une immense et patiente tapisserie naturelle.
Chaque chose à découvrir en marchant chaque matin.
Là le chant de la pie. Là-bas les premiers blés sauvages.
Ici un papillon mouvant.

L’arbre soudain en fleur
qui l’a fait ?
Frédéric Boyer, Dans ma prairie, P.O.L, 2014, pp.43-44.

Don du printemps

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Séries publiées en janvier 2014

Fête sensible

La douceur ne se possède pas. On lui fait hospitalité.
Elle était là, aussi discrète et nécessaire et vitale qu’un
battement de coeur. Sa puissance charnelle va
de la volupté à la plus légère pression de la main,
elle est pensée quand elle touche et
touchée quand elle est intelligence.
Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur, Payot, 2013, p.80.

Café partagé

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Enfance

La douceur appartient à l’enfance, elle en  est
le nom secret. Le plaisir que découvre l’enfant
qui explore et goûte, est une expérience du monde
qui sera le réservoir de ses attachements secrets.
Le monde ne changera pas de langue pour l’adulte
qu’il deviendra.
Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur, Payot, 2013, p.132.

 

Bulle dans Paris

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Dolce Vita

Il n’est pas toujours doux de vivre.
Mais la sensation d’exister appelle la douceur.
Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur, Payot, 2013, p.138.

Conversation nocturne

 

 

Séries publiées en juin 2013

Enfance

Lorsque l’enfant a peur de perdre son enfance, il consulte parfois son
amie la girafe, qui soudain le soulève et l’assoit sur son cou pour faire
dans le parc un rapide galop
ressemblant au tangage ; et l’enfant se promène à bord de ce navire où
l’étoile est si proche, l’étang si renversé, la montagne si basse…
Les lois de la nature, ô miracle ! s’annulent
dans une grande fête, et les vieilles personnes, perdues par la raison,
n’osent plus s’immiscer dans le bonheur qui d’arbre en arbre
s’improvise
comme un bal costumé parmi les ballons rouges.
La girafe est légère en sa longue tendresse, et l’enfant rassuré peut devenir adulte.
Alain Bosquet

Points d’appui

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Si voir existe à peine

Par chaque tour de roue avec son grincement
la charrette qui vient vers toi chargée de foin
te calme et de fait mal on dirait que tu pèses
en un moment beaucoup plus lourd car elle traîne
après elle tout l’été que tu regardais
passer enfant sans le voir et c’est maintenant
que tu vois mais ça n’est plus lui ça n’est plus toi
rien qu’une odeur de foin un grincement de roue
dans un pays qui est ailleurs une autre vie
que veut dire oublier si voir existe à peine
Ludovic Janvier, La mer à boire, Gallimard, 2006.

Insistances 

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Vision

L’œil se baigne aux parterres safran
auréolés de rouge cardinal
la jonchée d’œillets d’Inde et de sauge
aux chiffons de couleur si criards
qu’ils éclaboussent loin alentour
la lumière et la pierre pâle
deux marcheurs fatigués passaient là
nos deux allures qui regrettent
Septembre à serrer le cœur
Septembre avec ses ombres longues
Septembre avec les raisins les figues
cette lumière mordorée
qui des œillets s’étend sur le parc
et reste briller derrière nous
comme elle brille chaque dimanche
chaque dimanche après notre mort
Ludovic Janvier, La mer à boire, Gallimard, 2006.

Démarches

 
 
 

 

Séries publiées en décembre 2012

Je marchais de Planche en Planche
Avec lenteur et prudence
Je sentais les Étoiles autour de ma Tête
Autour de mes pieds la Mer.
J’ignorais que le prochain pas
Serait le dernier —
Ce qui me donnait cette Démarche précaire
Que certains appellent Expérience

Emily Dickinson, Lieu-dit, l’éternité : Poèmes choisis,  collection Points, Seuil, 2007, p.191.

Un petit matin

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Au bord de la mer

12.
De ces milliards de grains de rêve
J’ai créé quelques mots simples,
En remuant toute cette plage de sable
Comme avec les mains des tempêtes,
Et je ne suis pas un poète
Mais un voyageur,
Qui erre au coucher du soleil parmi les dunes

Ismail Kadaré, Au bord de la mer, in Les poètes de la Méditerranée, Gallimard, p.905.

Un bercement

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Le sourire

Je crois que ce fut le sourire,
le sourire, lui, qui ouvrit la porte.
C’était un sourire avec beaucoup de lumière
à l’intérieur, il me plaisait
d’y entrer, de me dévêtir, de rester
nu à l’intérieur de ce sourire.
Courir, naviguer, mourir dans ce sourire.

Eugénio de Andrade, 30 Poemas, 30 Poèmes, 30 Poems, Éditeur : Fundaçao Eugénio de Andrade, Porto, 1993.

Un canard dans la bise

 

 

Séries publiées en juin 2012

On quittera toujours la mer

On quittera toujours la mer à reculons
c’est toujours le même regret
c’est la même lenteur debout
qui vous déchire d’avec le pays
chaque adieu vous retourne infiniment
chaque pas qu’on pose hors de l’eau
veut creuser jusqu’à l’eau encore

Ludovic Janvier, La mer à boire, Poésie Gallimard, 2006, p. 70.

Des liens

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«Les vagues se brisaient, et leur flot rapide se répandait sur la plage. Elles se soulevaient l’une après l’autre, puis retombaient, entraînant leur embrun dans la violence de leur recul. Un réseau de lumière diamantée tremblait sur leur échine teintée d’un bleu profond, qui ondulait comme le dos des grands chevaux en marche. Les vagues déferlaient, reculaient puis déferlaient de nouveau, avec un bruit pareil au piétinement d’une bête énorme».
Virginia Woolf, Les vagues, (Traduction de Marguerite Yourcenar), Poche, 2010, p. 149.

Un déploiement

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«Il se peut que la mer soit la conséquence d’un départ. Qu’elle ait pris naissance dans les larmes des morts séparés. Toujours est-il qu’à la suite de cette secousse qui a divisé la terre en deux, en un instant, telle une cataracte jaillie du bas en haut, la mer a rempli la tranchée, nous laissant toi sur une côte, et moi sur l’autre.
Or, malgré toute cette douleur de l’eau et de la terre, nous n’avons pas perdu l’habitude de marcher sur la plage. Serais-je perdue dans une forêt ou un désert, on continue à longer la phrase gémissante blanche comme si nous étions des oiseaux attirés par le timbre de la clarté. La mer organise notre lumière : elle est notre centre, notre industrie, notre voyage. Elle nous a été accordée en substitution. Puisqu’il ne nous est plus permis de nous voir, un miroir a été répandu à nos pieds».
Silvia Baron Supervielle, Le livre du retour, Paris, Corti, p.27.

Une leçon

Mirush Bega 

Written on juillet 12th, 2012

Mireille Cifali "Une carrière consacrée aux métiers de l'humain". Site propulsé par WordPress avec le Theme Adventure par Eric Schwarz
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